Il est des disques qui font traverser les siècles et les océans, qui vous ouvrent des portes vers un monde inconnu, étrange et fascinant. L’album Mujeres fait partie de ces pépites réjouissantes qui nous permettent de sortir des sentiers battus, pour nous inviter à découvrir la musique traditionnelle, dévotionnelle et populaire d’Amérique latine. Dans Mujeres, Diana Baroni, Ronald Martin Alonson, et Rafael Guel Frias rendent hommage « aux personnalités féminines marquantes du Nouveau monde, à travers une sélection poétique de leur héritage ancestral, depuis l’époque de la colonisation jusqu’à nos jours » (Livret du disque).

Originaires d’Argentine, de Cuba et du Mexique, Diana Baroni, Ronald Martin Alonson, et Rafael Guel Frias ont construit ce projet musical, comme ils l’expliquent dans la vidéo ci-dessous, autour de la femme d’Amérique Latine, qu’elle soit compositrice, poétesse, mère, la Vierge Marie, la mère Terre ou Pachama. Pour représenter ce riche héritage culturel des femmes du Nouveau Monde, ils ont rassemblé un vaste répertoire qui va de la colonisation hispanique jusqu’au XXe siècle et qui est issu de différents pays hispanophones d’Amérique Latine (Mexique, Cuba, Argentine, Chilli, et Bolivie). Ils ont également choisi d’interpréter ces oeuvres sur instruments anciens (viole de gambe, traverso, guitare baroque) et sur des instruments traditionels comme le quijada.

Voici quelques beaux exemples qui montre la diversité de ce répertoire. Avec « Maria, todo es Maria » nous pouvons écouter un chant processionnel du XVIIe dédié à la Vierge Marie, où « le syncrétisme du métissage se dévoile par la simplicité d’une mélodie aux couleurs pentatoniques, typiquement indigènes » (livret du disque).

Dans un style totalement différent « Longina » est typique des poésies chantées par les travailleurs des classes populaires des régions orientales de Cuba : « Après leur journée de travail, ils prennent l’habitude de se réunir entre amis dans des peñas ; la nuit, ils chantent en duo ou en trio des sérénades sous la fenêtre d’une femme ou d’un ami, de manière spontanée, jusqu’au petit matin. C’est l’origine de la Trova Cubana. Clin d’œil à la magnifique version du duo de voix féminines Las Hermanas Marti, Longina, composée en 1919 par Manuel Corona Raimundo, est un hymne à la sensualité fatale de la femme cubaine. »

« Las olas del mar » est un chant évoquant l’histoire de la construction des donjons de la forteresse de la petite île de San Juan de Ulúa (Mexique) : « Situé entre les habaneras et les fandangos du XVIIIe siècle, cet air ancien prend pour thème les sentiments des prisonniers réduits en esclavage pour la construction des donjons de San Juan de Ulúa » (Livret du disque).

« Corazón maldito » est une magnifique chanson aux accents tourmentés de la poétesse, plasticienne et chanteuse chillienne Violeta Parra (1917-1967), qui a « redoré le blason de la musique folklorique chilienne » bien au-delà des frontières de son pays et qui fut « la première femme sud-américaine à exposer au Louvre en 1967 ».

Mujeres est un magnifique album qui nous propose, grâce à l’immense talent de Diana Baroni, Ronald Martin Alonson, et Rafael Guel Frias, un voyage musical unique à la rencontre des femmes du Nouveau Monde.

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