Aujourd’hui je vais vous parler de critique musicale. Un bon critique est un trésor inestimable pour un mélomane curieux qui souhaite affiner son oreille et mieux comprendre la musique qu’il écoute. Mais c’est aussi un piège, car il influence notre vision de l’enregistrement, et le critique n’étant pas complètement objectif et ayant ses intérêts propres, il est faillible.

Le critique, comme le mélomane d’ailleurs, a ses chouchous et ses bêtes noires (tiens vous ne connaissez pas encore mes bêtes noires, mais pour mes chouchous cela commence à devenir assez évident), et peut finir par manquer d’objectivité dans l’écoute d’un enregistrement, surtout qu’il est comme le mélomane influençable par les effets de mode. Donc un des efforts pour le critique est d’essayer d’être le plus honnête possible, ce qui est vrai aussi pour le mélomane, et c’est ce que j’essaye de faire depuis le début de mon blog. On peut admirer un artiste, mais il faut savoir reconnaître quand il passe à côté d’une oeuvre ou donne une interprétation inégale ou carrément ratée. Ce n’est pas grave au fond, et c’est arrivé aux plus grands.

Là où le mélomane a vraiment besoin du critique, surtout quand il ne lit pas la partition, c’est pour avoir une idée de ce à quoi doit ressembler une oeuvre, en terme de rythmes, de phrasés, de couleurs, et de contrastes. Il a aussi besoin de connaître les références discographiques et interprétatives incontournables des oeuvres qu’il souhaite approfondir ou connaître. Ecouter les bonnes versions, les grands interprètes, c’est le meilleur moyen d’apprendre à connaître une oeuvre. Mais bon pour cela il faut bien que des personnes nous indiquent les bonnes versions. Or le problème est qu’actuellement le système médiatique cherche des étoiles, les futurs grands chefs de demain, et que les critiques tombent parfois dans le piège de glorifier des jeunes musiciens, qui pour être charismatiques, n’ont parfois pas beaucoup d’idées musicales et font beaucoup d’esbroufe.

L’enregistrement que je vais présenter est l’oeuvre d’un des nouveaux chouchous de la critique mondiale, un jeune loup de la direction d’orchestre qui a déjà travaillé avec les plus grands orchestres et qui est déjà reconnu comme un grand chef, c’est-à-dire Andris Nelsons, un chef letton de 39 ans actuellement à la tête du Boston Symphonique Orchestra et du Leipzig Gewandhaus Orchestra, deux des orchestres les plus importants au monde. Ce que j’apprécie chez Nelsons, c’est la sureté et la clarté de sa direction, des qualités qui mine de rien ne sont pas si communes chez les chefs de sa génération, que je trouve souvent brouillons ou trop enclins à tomber dans des effets vulgaires. Avec Andris Nelsons il n’y a jamais aucune vulgarité, les tempi sont toujours respectés et la vision de l’oeuvre est précise et décidée, sans être alourdie par des effets de manche inutiles. Voilà un chef qui sait ce qu’il veut et sait transmettre ses choix aux orchestres qu’il dirige.

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Cet enregistrement des symphonies de Brahms est un enregistrement très classique somme toute, qui ne révolutionnera pas la discographie déjà abondante de cette oeuvre, mais cette interprétation solide, riche et équilibrée par Nelsons et l’orchestre de Boston est splendide du début à la fin, ce qui pour un enregistrement d’un jeune chef en concert est vraiment remarquable, même si j’aurais parfois souhaité trouver un léger supplément d’âme.

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